François-Henri Pinault, fils du milliardaire François Pinault, a fait HEC entre 1982 et 1985. Il en est sorti diplômé à 23 ans.
François-Henri Pinault a toujours été «programmé» pour prendre la succession de son père à la tête de l’empire que celui-ci a bâti. Du reste, François-Henri s’est longtemps appelé François tout court, comme son papa, ce qui en dit long sur la volonté paternelle de se prolonger à travers son rejeton. Ajouter «Henri» à son prénom a été l’un des premiers grands actes de rébellion du fiston.
Quelques mois après sa sortie d’HEC, François-Henri entre dans les affaires familiales. Trois ans plus tard, en 1989, il devient directeur général de France Bois Industries, l’une des filiales du groupe ; puis après quelques mois DG de Pinault Distribution. A partir de 1993, il va travailler dans les filiales africaines et DOM-TOM du groupe, dont il revient en 1997 pour prendre la direction générale de la FNAC. A cette époque, le magazine Hommes et Commerce, le bulletin des anciens d’HEC, lui consacre plusieurs pages d’articles et une longue interview. Sur la couverture, une photo souriante de notre François-Henri, adornée d’une phrase par lui prononcée lors de son interview : «Chez Pinault, il n’y a pas de Fils de…».
François-Henri Pinault était donc convaincu, sincèrement convaincu de ne devoir qu’à ses seuls mérites l’ascension qui, en douze années, l’avait amené à 35 ans à la présidence de la FNAC après s’être vu confier direction générale sur direction générale à partir de sa troisième année dans l’entreprise.
Sur le fond, il n’y a pas grand chose à dire. D’abord, François-Henri a fait au plus haut niveau les études requises pour son cursus, études pour lesquelles il n’a pu bénéficier d’aucun passe-droit. Ensuite, il a effectivement commencé à la base et, même s’il est allé vite, on peut faire confiance à son père pour avoir soigneusement testé le gamin et ne pas avoir remis les clés de la boutique à n’importe qui. Enfin, le groupe Pinault (aujourd’hui PPR) est une entreprise privée dont on peut dire, à la limite, que son propriétaire est libre de la confier à qui il veut. Du reste, la suite de l’histoire a montré que le choix était plutôt bon.
Pas question, donc, de comparer l’itinéraire d’un François-Henri Pinault, d’un Franck Riboud, d’un des fils Mulliez ou d’un Edouard Michelin avec le «cas» Jean Sarkozy. Tous les premiers cités ont fait les études requises et ont été soumis par leurs familles à une succession de tests destinés à éprouver leur valeur. Tous (sauf Riboud dans une certaine mesure) ont pris les rênes d’entreprises familiales qu’ils avaient appris à connaître. Et tous s’en sont plutôt bien tirés.
Mais tous, évidemment, ont avancé beaucoup plus vite que la moyenne, du fait de leur situation particulière.
Ce qui me frappe, c’est que François-Henri Pinault ait été capable de ne pas s’en rendre compte et qu’il ait pu s’aveugler au point de croire qu’il n’avançait pas aussi grâce à ses mérites, mais seulement grâce à ses mérites.
C’est pourquoi, lorsque j’entends Jean Sarkozy expliquer à qui veut l’entendre qu’il a été élu, d’abord par les Neuilléens puis par «ses pairs» du groupe UMP au Conseil général, et que cela le rend légitime, je le crois sincère. Aveugle, mais sincère. Le cher garçon est absolument convaincu de ce qu’il dit, comme pouvait en être convaincu François-Henri Pinault.
Evidemment, il est difficile d’en dire autant de tous ceux qui le soutiennent avec plus ou moins de conviction ou… d’ironie au second degré. Car je ne peux pas croire que la phrase «Jean est le fils d’un génie politique, il n’est pas étonnant qu’il soit précoce» ait été prononcée avec sérieux. Je crois plutôt que M. Solène, vice-président du groupe UMP au Conseil général des Hauts-de-Seine, a été contraint de soutenir Jean Sarkozy et qu’il a trouvé dans l’outrance un moyen de dire vraiment le fond de sa pensée.
Enfin, j’espère.
Ch. Romain
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