samedi 18 juillet 2009

Comment EDF s'occupe d'économies d'énergie...


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Le Parisien
de ce 18 juillet nous apprend une nouvelle ahurissante : EDF a réussi à se faire octroyer par un organisme d'Etat une taxe… pour couvrir le manque à gagner dû aux économies d’énergie que pourraient réaliser les usagers !

L’affaire est la suivante : une PME parisienne, Voltalis, a développé un boîtier qui, installé entre le compteur et le tableau électrique d’un logement ou d’un bureau, régule la consommation de certains équipements (ballon d’eau chaude, climatisation, chauffage…). Ce dispositif, baptisé «Bluepod», permet d’après son fabricant de réduire de 5 à 10% par an la consommation annuelle des foyers équipés (voir ICI).

En ces temps où la préoccupation écologique et le développement durable sont mis à toutes les sauces, on pourrait penser que le Bluepod serait plutôt une bonne idée. Mais c’est compter sans la logique marchande d’EDF. L’entreprise, soucieuse de ses deniers (il faut croire que l’emprunt récemment souscrit ne lui suffit pas), a fait valoir que le dispositif commercialisé par Voltalis lui fait perdre de l’argent. En conséquence, EDF a demandé très sérieusement de percevoir une taxe sur le CA de Voltalis, taxe destinée à compenser le manque à gagner généré par le Bluepod.

Non, non, ce n’est pas une blague. C’est en France, en 2009.

Profitant de l’aubaine, les autres opérateurs électriques (Poweo, Direct Energie…) se sont associés à l’action d’EDF. Et la CRE (Commission de Régulation de l’Energie), saisie du dossier, leur a donné raison. Voltalis devrait payer à EDF une taxe de l’ordre de (excusez du peu !) 70 à 80% de ses revenus

J’ignore sur quel texte la CRE s’est appuyée pour en arriver à cette conclusion démente. Toujours est-il que ce merveilleux organisme d’Etat, chargé de veiller à la «régulation» de l’énergie, trouve parfaitement normal de dédommager EDF lorsqu’on économise du courant ! Avec des régulateurs pareils, pas de doute, le développement durable a de beaux jours devant lui.

Sans compter la formidable révolution juridique à laquelle la décision de la CRE ouvre la porte. Car il n’y a pas de raison de limiter cette belle logique compensatoire au secteur de l’énergie. Je m’attends donc à ce que Reynolds Tobacco, Philip Morris et autres BAT exigent très bientôt de toucher un pourcentage sur les ventes de patches anti-tabac. Ensuite, les producteurs d’eau minérale pourront faire valoir leur droit à percevoir une taxe imposée à l’ensemble des opérateurs d’eau courante. Et pour finir, les entreprises de pompes funèbres exigeront que l’on compense leur manque à gagner en taxant les revenus des professions médicales et de tous ceux qui empêchent les gens de mourir...

A part ça, EDF continue de nous expliquer à longueur de pub qu'il est très, mais vraiment très soucieux de travailler à la préservation de notre planète.

Il paraît que M. Bivas, le PDG de Voltalis, a décidé de faire appel aux tribunaux pour s’opposer à la décision de la CRE. J’espère évidemment que bon sens prévaudra et qu’il obtiendra gain de cause. En attendant, on dira ce qu’on voudra, mais on vit vraiment une époque formidable.

Ch. Romain

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