Cette décision semble exaucer les vœux d’un grand nombre d’adhérents, soucieux d’affirmer leurs valeurs et de pouvoir se compter à l’occasion de ce premier tour. C’est pour l’heure la doctrine officielle du MoDem. Pourtant, trois éléments au moins peuvent faire douter qu’une telle ligne soit réellement tenable.
En premier lieu, malgré la prolongation jusqu'à mi-novembre de l’appel à candidatures qui devait se clore le 31 octobre, il n’est pas certain aujourd’hui que toutes les listes soient constituées. Apparemment, les volontaires font quelque peu défaut.
En second lieu, François Bayrou a clairement annoncé que le mouvement n’accordera pas de garantie financière aux listes engagées. Outre le fait de doucher un certain nombre d’enthousiasmes, cette décision amène à se demander qui financera des listes autonomes dans certaines régions où le score s’annonce d’ores et déjà un peu tangent. Rappelons en effet qu’en dessous de 5% des suffrages exprimés, les frais de campagne ne sont pas remboursés.
En troisième lieu enfin, et peut-être surtout, les sondages semblent promettre d’une façon générale un résultat relativement peu exaltant. Certes, nous sommes encore à trois mois du scrutin, mais le dernier sondage publié (OpinionWay/LCI du 21 novembre) crédite le MoDem de 7% des suffrages, derrière un FN à 9% et à quasi-égalité avec un Front de gauche à 6%. Pas de quoi entonner un chant d’allégresse…
Dans ces conditions, la voie de la sagesse pour le président du MoDem serait peut-être de chercher à sécuriser son résultat en trouvant un petit parti d’appoint. Un gentil partenaire grâce auquel il pourrait espérer présenter des listes dans toutes les régions, franchir dans un certain nombre d’entre elles la barre des 10% et… se faire financer les frais de campagnes.
Le casting rêvé pour cette opération, ce serait un parti capable d’obtenir 2 ou 3% des voix, et qui soit en quête de légitimité et de notoriété. Dans un monde idéal (comme dit François Bayrou à propos d’autre chose), il faudrait que ce parti soit présidé par une sorte de mécène suffisamment riche pour se permettre de risquer quelques centaines de milliers d’euros dans une campagne un peu aventurée. Le PRG, par exemple, aurait bien fait l’affaire. Malheureusement, Jean-Michel Baylet a déjà passé un accord avec le parti socialiste. Mais qui sait si, en cherchant bien, on ne pourrait pas trouver un autres candidat éventuel ?
Evidemment, dans une telle configuration, le parti pressenti ne manquerait pas d’exiger quelques têtes de liste. D’où de probables remous internes quand il s'agira de faire avaler la pilule aux candidats MoDem qui pensaient figurer en première place dans les régions "sacrifiées". Sans compter bien sûr la réaction mitigée des adhérents partisans de l’indépendance au premier tour. Mais on sait désormais qu’au sein du MoDem les états d’âmes des adhérents ne sont jamais vraiment un obstacle.
D’aucuns objecteront peut-être que, la ligne d’indépendance au premier tour ayant été actée par le Conseil national, il ne saurait être question de revenir dessus. Mais on peut aussi penser que les vérités d’aujourd'hui sont les erreurs de demain et que ce qu’un CN a fait, un autre CN peut le défaire. Cela s'est déjà vu. Surtout si on lui donne de bonnes raisons pour cela ; et plus encore si ces bonnes raisons lui sont données par le chef.
Alors, affaire à suivre ?
Christian Romain
.
6 commentaires:
J'ai le plaisir de vous annoncer que j'ai été présenté aujourd'hui au siège par François Bayrou comme la tête de liste aux régionales IDF Modem : je m'appelle Alain Deliom ! Vous ne me connaissez pas ? C'est normal je viens d'arriver !
Signé
Adhérent n'aimant pas être pris pour un con !
Cher adhérent qui n'aime pas etc.
Ce n'est pas "Deliom" mais "Dolium".
Personne n'aime être pris pour ce que vous dites, et je comprends donc votre... disons, agacement. Mais malheureusement, je ne suis pas la bonne personne pour vous répondre. Vos remarques sur ce sujet doivent être adressées au 133 bis de la rue de l'Université qui, j'en suis sûr, les traitera avec la plus grande attention et le plus grand respect.
Bien à vous,
Donc, si je vous suis, il faut établir des stratégies en fonction de sondages (avec tout ce que cela implique de biais dans l'absolu), qui plus est réalisés plusieurs mois avant les élections, en l'absence d'exposition médiatique, de candidats officiels et surtout de propositions programmatiques identifiées...
@ Florent
Je ne comprends pas bien le sens de votre commentaire. Je n'ai pas dit qu'il "faut" faire quoi que ce soit. La stratégie d'autonomie au premier tour a été votée à l'unanimité par le CN le 24 octobre dernier (il y a donc moins d'un mois) sur proposition de François Bayrou. Moi, je hasarde juste des hypothèses en fonction de ce que je vois. Mais d'autres au siège ont la vue plus perçante que la mienne et beaucoup, beaucoup plus d'expérience politique. Nous sommes donc en de bonnes mains.
Bien cordialement,
CR
bonjour
etrange, les rumeurs de discutions en faveur d'un accord electoral, avec l'alliance ecologiste independante se font de plus en plus precise !
autonomie a deux vitesses ?
comme disait Cohn Bendit, il faut savoir si l'on a raison ou si l'on veut gagner (à l'attention de ses amis Verts).
Bayrou applique à lui-même cette règle après avoir ruiné, tout seul comme un grand et par égotisme exacerbé, la belle aventure MODEM : il va récupérer (ramasser ?) tout ce qu'il pourra récupérer (ramasser ?)pour limiter la casse aux Régionales alors qu'il avait "sous la main" une fille formidable en la personne de Corinne Lepage et tant d'autres qui s'engageaient comme elle.
bref, la médiocrité triomphe ... pour combien de temps ??? les résultats électoraux le diront
Enregistrer un commentaire